Mon papa à moi

 

Papa, papi, dada, daddy, peu importe leurs noms, cet épisode d’Odyans donne la parole aux darons. Témoignages de pères de différents horizons.

 

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Transcript

« C'est incomparable! Le peau-à-peau était juste malade! C'est là que tu réalises que c'est le tien. »

« C'est comme un speed dating continuel. Tu t'adaptes tout le temps à une nouvelle personnalité, à une nouvelle personne. »

«  Je voulais pas paraître comme le gars strict […] Non, fais ce que tu veux, je veux juste tu m’aimes. »

« La vie de couple? Je dirais qu’il faut être beaucoup plus intentionnel. On peut se perdre vraiment facilement. »

Papa, papi, baba, daddy… peu importe leurs noms, aujourd’hui à Odyans, c’est parole aux darons. Témoignages de pères de différents horizons. 

Pour beaucoup de gars, l’expérience commence des mois avant la naissance. Des fois, dans une pièce pas trop éclairée, seul avec la mère de leur futur enfant et un professionnel de la santé.

« Au moment où j’ai entendu les premiers battements de cœur, j’ai pleuré. »

Ça c’est Hervé, 37 ans, père de deux enfants. Tsé Hervé, c’est un gwo neg que je me souviens pas d’avoir vu émotif en 20 ans d’amitié. Et là, il me raconte comment il a fondu en larmes à l’échographie pour son 1er enfant.

« Dès que j’ai entendu les premiers battements de cœur, j’ai eu un moment de : "wow! J’ai créé quelque chose avec ma femme!" »

Pour Kenny, un autre papa dans la trentaine, c’était un peu la même chose.

« Quand ​c'était ​real ​pour ​moi, ​c'est ​quand ​j'ai ​entendu ​les ​battements ​du ​cœur ​pour ​la ​première ​fois. C'est ​à ​ce ​moment-là ​que ​ça ​m'a ​vraiment ​hit, ​que ça ​m'a ​vraiment ​frappé […] Je ​regardais ​un ​peu ​les mouvements à l’écran puis ​j'étais ​comme ​« ​Wow, ​OK, ​il ​y ​a ​quelqu'un ​là-dedans, ​dans ​le ​ventre ​de ​ma ​femme. ​» ​ C'est ​là ​que ​ça ​m'a ​hit. ​Et ​c'est ​là ​que ​tout ​de ​suite, ​le sentiment de ​responsabilité, est passé ​à ​un ​autre ​niveau. »

Après l’émotion des premiers battement de cœurs, il y a tout le reste de la grossesse. Avec le soutien qu’on donne à la mère, la préparation de l’arrivée du bébé, les cours prénataux des fois. Puis un jour, c’est l’accouchement. Un moment qui ne manque pas d’émotions, parlez-en à Jonathan, un jeune père dans la trentaine. Il nous raconte le feeling de tenir son bébé pour la première fois.

« Le ​feeling ​était ​insane! Je ​ne ​sais ​même ​pas ​comment ​le ​décrire ​pour ​vrai. Je ​le ​dis ​même ​à ​mes ​amis qui ​ont ​eu ​des ​enfants ​après ​moi ​ou ​qui ​vont ​en ​avoir. Je ​suis ​comme : "​c'est ​incomparable". Mais ​le ​peau à peau, ​c’​était ​juste ​malade! C'est là ​que ​tu ​réalises ​que c'est ​le ​tien, ​genre. ​Puis ​que ​ce ​n'est ​pas ​un ​enfant que ​tu ​vas ​ramener ​ou ​quoi ​que ​ce ​soit. ​Ton ​implication, ​c'est ​lui, ​dès ​ce ​moment-là. ​Puis ​moi, ​dans ​le ​processus ​en ​plus, ​sa ​mère ​était ​en ​salle ​de ​réveil, alors c'était ​moi ​qui ​étais ​avec ​en ​premier, ​premier. ​Il ​n'​a ​pas ​pleuré, ​il ​n'y ​a ​rien ​eu. ​Ce ​n'est ​pas ​comme ​si ​j'aurais ​été ​pris ​au ​dépourvu, ​mais ​c'est ​juste ​que ​j’e me disais : "​OK, ​c'est ​ta ​responsabilité. ​No ​matter ​what ​happens, ​c'est ​ta ​responsabilité, c'est ton ​monde". »

Des fois, l’accouchement c’est tout un paquet d’émotions complexes et contradictoires. C’était ça pour Kenny et sa femme, quand leur fille est née, pendant le confinement.

« ​Au bout ​de ​trois ​heures, ​bébé ​est finalement ​sortie, mais ce qui est arrivé, c’est que OK bébé est sortie, ​on ​est ​contents, ​mais ​ma ​femme ​est ​comme : "pourquoi ​elle ​crie ​pas?" ​Donc ​là, ​tout ​de ​suite, ​ils ​ont ​pressé ​le ​bouton ​rouge. ​Donc, ​situation ​d'urgence, ​"bébé ne respire ​pas", ​on ​l’amène ​dans ​la ​salle ​d’à ​côté, ​ma ​femme ​panique, ​je ​suis ​bébé. ​Puis ​on ​rentre ​dans ​la ​salle, ​il ​y ​a ​comme ​30 ​infirmières ​qui ​rentrent ​elles ​disent ​plein ​de ​trucs, ​j'entends ​des ​chiffres ​à ​gauche, ​à ​droite. ​Yo, ​je ​suis ​comme : "​qu'est-ce ​qui ​se ​passe?" ​Puis ​à ​ce ​moment-là, ​je me suis dit : "​OK, ​je ​suis ​père. ​Mon ​rôle, ​c'est ​vraiment ​de ​protéger ​cet ​enfant-là." ​C'était ​ça, ​en ​fait, les ​premières ​secondes ​avec ​bébé. Je ​l'ai ​pas ​tenue. ​C'était ​vraiment ​une ​situation ​de ​crise. ​Elle ​respirait ​pas, ​alors ​il fallait ​tout ​faire ​pour ​qu'elle ​puisse ​respirer. ​Au ​bout ​de ​peut-être ​une ​petite ​minute, ​je ​sais ​pas, ​je ​m'en ​rappelle ​plus, ​elle ​a ​poussé ​son ​cri et ​a ​commencé ​à ​respirer. ​Après, ​là on ​a ​fait ​le ​peau à peau ​avec ​maman ​et ​tout. ​Puis ​là, ​par ​la ​suite, ​justement, ​à ​cause ​de ​cet ​incident-là, ​on ​l'a ​amenée ​dans ​une ​autre ​salle. ​Pendant ​trois ​heures, ​elle ​était ​sous ​observation, seule avec moi. Ma ​femme ​était ​toute ​seule ​dans ​sa ​chambre à cause de ​tous ​les ​protocoles ​COVID ​et ​parce que ​ç'a ​pris ​peut-être ​deux ​heures ​pour ​la ​coudre. ​Donc, ​j'étais ​seul ​avec ​bébé et encore ​une ​fois, ​le ​sentiment ​de ​protéger. ​ Quand ​les ​médecins ​venaient et la ​touchaient, ​je ​demandais ce qu’ils faisaient, pourquoi ils le faisaient, pourquoi ​elle ​réagissait ​comme ​ça, ​pourquoi ​elle ​pleurait… C'était ​particulier. Si ​c'était ​à ​refaire, on ​voudrait ​pas ​que ​ça ​se ​fasse ​comme ​ça, ​mais ​ça ​s'est ​fait ​comme ​ça. ​Puis ​ça ​m'a ​juste ​donné ​le ​pressentiment ​que ​je ​dois ​protéger ​cet ​enfant-là. »

Une fois que le nourrisson est là, qu’on rentre à la maison en famille, comment on installe la routine? Comment on se divise les tâches. Hervé nous donne son expérience. 

« ​ ​Au ​début, ​surtout, ​je ​me ​demandais ​est-ce ​que ​l'enfant ​a ​vraiment ​besoin ​de ​moi? ​Tout ​ce ​qu'il ​a ​besoin, ​c'est ​de ​se ​faire ​nourrir ​et ​c'est ​du ​lait ​maternel ​qu'on ​lui ​donnait.​Puis ​de ​se ​faire ​changer ​sa ​couche, ​dormir, ​c'est ​tout ​ce ​qu'elle ​faisait. ​Je ​me ​sentais ​vraiment ​peut-être ​un ​peu ​inutile ​parce ​que  ​sa ​mère ​peut ​tout ​lui ​donner. ​C'est ​là ​que ​j'ai ​commencé ​à ​être ​plus ​utile ​dans ​la ​maison ​en ​faisant ​plus ​le ​ménage, ​plus ​à ​manger, ​plus ​la ​vaisselle, ​plus ​la ​lessive, ​faire ​couler ​des ​bains ​pour ​ma ​femme, ​peu ​importe ​ce ​qu'elle ​avait ​besoin. J’étais vraiment à l’écoute des besoins dans la maison. »

S’occuper d’un enfant, c’est un apprentissage. Un apprentissage qui finit jamais. Hervé :

« Je ​dirais ​qu’il y a ​toujours ​un ​moment ​d'adaptation ​parce ​qu'être ​parent, ​c'est ​toujours ​évolutif ​comme ​situation. ​À ​chaque ​phase, ​ton ​enfant change, évolue, démontre ​de ​plus ​en ​plus ​de traits ​de ​sa ​personnalité. ​C'est ​comme ​si ​​t'avais ​une ​date ​avec ​une ​nouvelle ​personne ​à ​chaque ​fois. ​Parce ​que ​tu ​dois ​réapprendre ​à ​savoir ​pourquoi elle ​pleure : parce qu’elle a un gaz? Parce ​qu'elle ​a ​faim? ​Pourquoi ​elle ​réagit ​comme ​ça? ​C'est ​toujours ​évolutif. Puis ​plus ​l'enfant ​grandit, ​plus ​il ​va ​explorer ​des ​façons ​de ​réagir ​pour ​voir ​comment ​toi ​tu ​vas ​réagir. T’as toujours des moments d’adaptation. ​C’est ​jamais ​coulé ​dans ​le ​béton. Même ​cinq ​ans ​plus ​tard ​en ​tant ​que ​père, j'apprends ​encore ​de ​nouvelles ​choses. ​J'apprends ​comment ​interagir ​avec ​ma ​fille. »

Des fois, la vie fait qu’on rencontre son enfant un bout de temps après sa naissance. Et dans ces cas-là, c’est une adaptation pour tout le monde. C’est ce qu’a vécu Jérémie, un jeune papa dans la vingtaine, avec son premier.

« Quand ​je ​suis ​arrivé, ​quand ​il ​a ​vu ​que ​je ​suis ​venu ​dormir ​là, ​la ​première ​fois, ​il ​m'aimait ​bien parce ​qu'on ​s'étaient ​vus ​dans les ​roulottes, ​mais ​c’était ​comme ​si : "​c'est ​qui ​qui ​vient ​voler ​ma ​mère​?" ​C'était ​bizarre. ​Moi, ​j'essayais ​plus ​d'être ​gentil, ​super ​chill ​et de ​créer ​des ​liens ​avec ​lui. ​Ouais, ​j’étais ​stressé, ​je ​voulais ​pas ​le ​chicaner ​quand ​il ​faisait ​des ​trucs ​pas ​rapport. ​Je ​voulais ​pas ​apparaître ​comme ​le ​méchant, ​le ​gars strict. ​"Non, ​fais ​ce ​que ​tu ​veux, ​je ​veux ​que ​tu ​juste ​tu m'aimes que ​tu ​t'attaches ​à ​moi." ​Ç’a pris ​un ​peu ​de ​temps. À ​part ​son ​arrière-grand-père, il voyait ​pas ​vraiment ​de ​visage ​d'homme, ​juste ​des ​filles. Je ​pense ​qu'il ​y ​avait ​ça ​aussi, ​genre : "​un ​homme ​est ​là". C'est ​bizarre. ​Il ​voulait ​pas ​prendre ​son bain ​avec ​moi, il ​voulait ​rien ​faire, ​mais ​en ​même ​temps, ​il ​s'approchait ​des ​fois. ​Fallait ​que ​je ​lui ​donne ​des ​chips, ​des ​sucreries. ​C'était ​un ​peu ​bizarre, ​j'étais ​stressé. J'essayais ​d'être ​parfait.»

Mais comme on dit : une fois n’est pas coutume. Jérémie a pu vivre pleinement la deuxième grossesse de sa conjointe.

« Pour ​de ​vrai, ​c'est ​vraiment ​nice ​parce ​que ​j'ai ​pu ​voir ​tout ​ce ​que ​j'ai ​manqué ​pour ​le ​premier. ​J'étais ​là ​pour ​tout, ​j'ai ​tout ​vu : comment ​la ​femme ​se ​sentait, ​l'évolution, ​son ​ventre, ​ses ​feelings. ​J'ai ​vu ​l'accouchement, ​c'est ​quoi ​des ​contractions. ​J'ai ​vu ​toutes ​ces ​affaires-là ​par ​la ​suite. ​Il ​faut ​le ​voir. ​Puis ​je ​suis ​chanceux ​de ​pouvoir ​l'avoir ​vu ​avec ​mon ​deuxième. Ça ​compense ​pour ​tout. ​Je ​vois ​maintenant ​aussi ​l'impact. ​Mon ​premier, ​je ​l'entendais ​à ​la ​télé. ​Il ​crie, ​il ​gueule, ​il ​avait ​déjà ​de ​la ​rage. ​Mais ​là, ​on dirait que le fait que ​je ​suis ​là, ​il ​est ​vraiment ​calme. ​Je ​sais ​pas ​si ​c'est ​un ​hasard ​ou ​juste ​le ​fait ​qu'il ​y ​a ​une ​différence ​quand ​le ​père ​est ​là. ​Je ​ne ​sais ​vraiment ​pas, ​mais ​c'est ​nice. »

Un père, est-ce que c’est vraiment là pour faire régner la loi et l’ordre? Eh bien oui et non. Oui, nos papas croient en l’importance de la discipline. Mais il n’y a pas juste une façon de faire, et c’est correct. C’est même ça qui est beau. Prenons par exemple Jérémie, le plus jeune de nos papas :

« Je ​suis ​un mélange ​de ​tout. ​Je ​suis ​strict, ​mais ​en ​même ​temps, ​je ​suis ​vraiment ​cool. C'est ​un ​peu ​tricky ​comme ​question ​parce ​que ​ça ​dépend. ​Souvent, ​je ​suis ​strict, ​puis ​après je ​me ​dis ​que je ​n'aurais ​pas ​dû ​m'y ​prendre ​comme ​ça. ​J'essaie ​quelque ​chose ​d'autre. Mon fils, ​c'est ​un ​gars ​qui ​fait ​beaucoup ​de ​crises. ​Il ​fait ​des ​crises, ​il ​frappe ​des ​choses. ​Je ​le ​mets ​dans ​sa ​chambre. ​Mais ​souvent, ​je ​me ​demande ​si ​je ​m'y ​prends ​bien. ​J'essaie ​d'autres ​choses. ​Je ​suis ​strict, ​mais ​je ​ne ​me ​considère ​pas ​comme ​strict. ​J'essaie ​de ​l'être ​ou ​j'essaie ​d'ajuster ​mon ​parenting. ​J'essaie ​juste ​d'ajuster. ​​Il ​n'y ​a ​rien ​de ​fixe. ​J'y ​vais ​juste ​avec ​le ​vibe. ​C'est ​plus ​ça. »

Hervé, lui, disons que c’est un père strict, mais qui s’explique. Et ça, c’est grâce à un gros travail d’introspection. 

« ​Je ​te ​dirais ​peut-être ​que ​je ​suis ​strict, ​peut-être ​des ​fois ​un ​peu ​souvent ​strict ​parce ​que ​[…] je ​savais ​déjà ​que ​j'avais ​des ​problèmes, ​pas ​de ​colère, ​ ​je ​suis ​pas ​le ​genre ​à ​frapper ​les ​murs, ​mais ​j'ai ​haussé ​la ​voix ​peut-être ​plus ​souvent ​que ​je ​devrais ​le ​faire. ​Sur ​les ​enfants ​qui ​sont ​pas ​conscients ​qu'ils ​ont ​fait ​une ​erreur, ​​je ​dois ​souvent  ​me ​reprendre, ​puis ​dire ​à ​mes ​enfants ​que ​je ​m'excuse ​d'avoir ​réagi ​d'une ​certaine ​manière, ​parce ​que ​je ​le ​vois ​dans ​leurs ​yeux, ​qu'ils ​sont ​étonnés, ​parce ​qu'ils ​comprennent ​pas ​pourquoi. En tant que père, oui, je peux être strict, mais je vais être strict, puis me reprendre, puis leur apprendre pourquoi est-ce que c'est pas bon. "Regarde, papi s'est énervé parce que ça fait trois fois que je t'ai répété ça et c'est dangereux de faire ça. Regarde ce que ça peut faire si tu fais ça". C'est juste de prendre le temps d'expliquer à tes enfants, puis de leur montrer que oui, t'es une figure d'autorité, mais tu n'es pas un maître absolu. Tu n'es pas une personne qui est là pour les brutaliser. Tout au contraire, je suis là pour leur donner de l'amour. Je me considère un père strict, mais je pense que je suis un père strict qui peut comprendre quel impact ça peut avoir d'avoir un père qui est sans émotions ou impatient ou colérique. »

Jonathan, lui, c’est un dictateur assumé, MAIS avec un cœur tendre.

« Tu ​connais ​ma ​mère, ​je ​suis ​un ​dictateur. ​Mais ​je ​suis ​soft. ​Big ​time, ​big ​time. ​ Je ​suis ​très ​papa ​poule ​quand ​mon ​enfant ​est ​malade. ​Comme, ​mon ​enfant ​ne ​peut ​pas ​être ​malade. ​Dans ​le ​sens ​que ​s'il ​est ​malade, ​je ​suis ​malade ​avec ​lui : ​j'ai ​de ​la ​peine, ​je ​me ​demande ​qu'est-ce ​qu'il ​faut ​faire. ​Tantôt tu me ​demandais si j’ai toujours été  ​à ​l'aise. Eh bien il y ​eu des ​ ​moments ​où ​je ​n'étais ​pas ​à ​l'aise ​parce ​qu'il ​y ​avait ​certaines ​choses ​que ​je ​n'avais ​jamais ​vues ​ou ​que ​je ​ne ​comprenais ​pas. ​Puis ​tu ​es ​comme, ​wow, ​qu'est-ce ​qui ​se ​passe? ​Puis ​là, tu ​essaies ​de ​le ​réconforter, mais ​toi ​aussi, ​tu ​as ​une ​certaine ​crainte ​ou ​un ​chagrin ​ ​parce ​que ​tu ​ne ​sais ​pas ​ce ​qui ​se ​passe. ​Je ​parle ​pas ​d'un ​gaz ​coincé, ​je ​te ​parle ​d'une ​affaire ​bizarre, ​des ​terreurs ​nocturnes ​que ​t'as ​jamais ​vues, ​pis ​là ​c'est ​après ​que ​t'apprends ​que ​c'est ​des ​ terreurs ​nocturnes. ​Au ​début ​tu ​sais ​pas, ​pis ​comme ​t'essayes ​de ​wake him ​up ​ou ​whatever, ​pis ​tu ​vois ​ça ​fonctionne ​pas, ​fait ​que ​là ​t'es ​inquiet, ​ou ​des ​petites ​maladies ​bizarres ​qui ​peuvent ​arriver. Mais, ​sinon, ​discipline ​on ​deck! ​Comme, ​je ​joue ​pas ​avec ​ça, ​pour ​moi ​c'est ​important parce ​que ​j'ai ​été ​élevé ​comme ​ça. ​Ma ​mère ​était ​vraiment ​comme ​tac, ​tac, ​tac. ​En ​fait, ​ça ​c'est ​quelque ​chose ​qui ​était ​pour ​moi. ​Tu ​arrives ​quelque ​part, ​tu ​enlèves ​tes ​souliers, ​tu ​laves ​tes ​mains ​s'il ​faut, ​tu ​rentres, ​tu ​t'assois, ​si ​t'as ​besoin ​de ​quelque ​chose, ​tu ​dis ​s'il ​vous ​plaît. ​Si ​on ​te ​donne ​quelque ​chose, ​tu ​dis ​merci. ​C'est ​une ​répétition. ​Oui, ​ça ​paraît ​peut-être, ​comment ​dire, ​comme ​si ​j'étais ​à l’armée, ​mais sans ​mentir, ​ma ​mère ​était ​du ​genre, ​si ​je ​suis ​quelque ​part et ​des ​gens ​ont ​dit ​Jonathan que ​fait ​du ​dezòd, ​elle ​dit ​non, ​c'est ​pas ​vrai, ​c'est ​un ​mensonge. ​Fait ​que ​c'est ​dans ​ma ​tête, ​c'est ​comme ​ça. ​Si ​on ​va ​quelque ​part, ​puis ​on ​me ​dit ​Josh ​a ​fait ​du dezòd, ​c'est ​impossible, ​c'est ​pas ​mon ​fils, ​ça ​fonctionne ​pas. ​Mais ​là, ​à ​cet ​âge-là, ​c'est ​différent. ​Mais ​je ​veux ​que cette discipline-là ​rentre ​pour ​que ​quand ​il est ​dans ​la ​rue, ​il ​soit ​respectueux. ​Par ​exemple, ​je ​sais ​pas, ​qu'il ​tienne ​la ​porte. ​Ça peut paraître ​random, ​mais ​qu'il ​tienne ​la ​porte ​à ​quelqu'un. ​Qu'il ​voit ​quelqu'un ​de ​plus ​âgé, ​qu'il ​le ​vouvoie. ​C'est ​des ​choses ​comme ​ça. ​Oui, ​ça ​paraît ​peut-être ​dur ​sur ​le ​coup, ​mais ​on ​veut ​tous ​ça ​d'un ​enfant. ​On ​veut ​qu'on ​ait ​un ​enfant ​bien ​élevé, ​ ​qu'il ​ait ​de ​bonnes ​manières. ​Puis ​c'est ​ce ​que ​je ​souhaite ​de ​mon ​enfant. »

Et Kenny, lui, il insiste sur la discipline face aux écrans. Pour sa fille ET pour lui…

« ​​Moi, ​ce ​qui ​est ​important, ​c'est ​vraiment ​la ​discipline. ​C'est ​vraiment ​important. ​Je ​ne ​joue ​pas avec ça. ​Mais ​sinon, ​je ​la ​laisse ​vraiment ​faire ​ce ​qu'elle ​veut. ​Pas ​ce ​qu'elle ​veut, ​mais ​je ​la ​laisse ​s’amuser, ​découvrir. ​Je ​ne ​mets ​pas ​vraiment ​de ​restrictions, ​mais ​si, admettons, je dis qu’on joue ​une ​heure, ​on ​joue ​une ​heure. ​J'essaie ​beaucoup ​d'inculquer ​la ​discipline ​parce ​que ​je ​pense ​que ​dans ​la ​vie, ​c'est ​extrêmement ​important. ​​Mais ​sinon, ​j'essaie ​le ​plus ​possible ​aussi ​de ​jouer ​avec ​elle, ​d'éviter ​tout ​ce ​qui ​est ​électronique, ​mais ​vraiment ​plus ​le ​contact ​humain, ​de ​prendre ​une ​feuille ​puis ​dessiner, ​de ​développer ​beaucoup ​ce ​côté-là. ​Tout ​ce ​qui ​est ​électronique, ​j'essaie ​vraiment ​de ​l'éloigner ​de ​ma ​fille. Elle ​regarde ​la ​télévision ​vraiment ​occasionnellement. ​Sinon, ​pas ​de ​télé, ​la ​télé ​est ​fermée. ​Aussi, ​quand ​je ​suis ​tout seul avec ​elle , ​j'essaie ​de ​vraiment ​mettre ​mon ​téléphone ​de ​côté ​et de ​vraiment ​jouer ​avec ​elle. ​Je ​trouve ​que ​ça, ​ça ​fait ​une ​énorme ​différence. ​Quand, ​admettons, ​je ​suis ​sur ​mon ​téléphone, ​là ​elle ​va ​vouloir ​regarder ​la ​télévision ​et ​tout, ​mais ​quand ​je ​me ​concentre ​vraiment ​sur ​elle, ​puis ​on ​prend ​une ​feuille, ​puis ​on ​dessine, ​ou ​on ​saute, ​ou ​peu ​importe, ​je ​trouve ​qu'elle ​s'amuse ​énormément. ​Elle ​s'amuse ​beaucoup ​plus, ​contrairement ​à ​si ​elle ​fait ​autre ​chose ​qui ​est ​stimulé ​par ​quelque ​chose ​d'électronique. ​Fait ​que ​c'est ​ça. ​ ​Je ​suis ​un ​mélange ​de ​tout ​ça, ​mais ​j'essaie ​vraiment ​qu'elle ​soit ​disciplinée ​le ​plus ​possible, ​de ​développer son ​ ​côté ​créatif, de ​voir ​qu'est-ce ​qu'elle ​aime. »

C’est pas un secret pour personne : être parent, c’est prenant. Et on peut facilement se perdre dans la routine, s’oublier comme amoureux. Jérémie nous en parle. 

« ​Genre ​t'as ​laissé ​deux ​semaines ​passer ​pis ​t'as ​juste ​fait ​ça, ​prendre ​soin ​des ​enfants, sans se parler. ​Pis ​là, ​t'as ​mis ​l'affaire ​à ​la ​mauvaise ​place ​pis ​la ​réaction : "​whoa! Qu'est-ce ​t'as ​là?" ​On ​se ​parle ​pas, ​on ​fait ​rien. ​Faut ​faire ​quelque ​chose, ​là. »

Jonathan en rajoute.

« ​C'est ​challengeant. ​C'est ​challengeant ​parce ​qu'il ​faut ​pas ​que ​t'oublies ​ta ​partenaire,​mais ​des ​fois, t'es ​tellement ​dans ​la ​routine, ​dans ​le ​quotidien ​que ​des ​fois, ​t'oublies ​un ​peu ​ton ​couple. ​C'est ​là ​que ​c'est ​un ​travail ​qui ​doit ​se ​faire ​à ​deux. C'est ​pas ​facile, ​c'est ​sûr, ​il y ​a ​des ​hauts ​et ​des ​bas, mais ​je ​sais ​que ​ça ​va ​dans ​les ​deux ​sens. ​Pour ​elle ​aussi, ​la ​priorité, ​c'est ​l'enfant. ​Surtout ​que dans notre cas, ​notre enfant a ​deux ​ans ​et ​demi, ​bientôt ​trois ​: ​il ​ne ​peut ​pas ​tout ​le ​temps ​exprimer tous ​ses ​besoins ​ou ​tous ​ses ​désirs​. ​Notre ​focus ​est ​souvent ​sur ​lui, ​tandis ​que ​nous ​aussi, ​on ​en ​a ​aussi. »

Jonathan essaye d’être plus pro-actif pour prioriser son couple.

Jo : « C'est ​là ​qu'on ​essaie ​de ​trouver ​des ​solutions, ​des ​sorties, ​des ​activités, ​le ​faire ​garder, ​des ​choses ​comme ​ça, ​ou ​prendre ​des ​journées ​off ​puis ​le ​laisser ​à ​la ​garderie. ​Donc, ​on ​essaie ​de ​trouver ​des ​petites ​idées ​comme ​ça ​pour ​nous ​permettre ​de ​ne ​pas ​nécessairement ​juste ​garder ​la ​flamme, ​mais ​ ​l'harmonie ​dans ​le ​couple ​aussi. ​On ​est ​des ​parents, ​mais ​on ​est ​aussi ​un ​couple. ​» 

De son côté Kenny pense qu’un couple doit travailler ensemble pour atteindre un niveau d’intimité,créer un environnement propice entre amoureux.

« ​Je ​dirais ​qu'il ​faut ​être ​beaucoup ​plus ​intentionnel. ​On ​peut ​se ​perdre ​vraiment ​facilement. ​vraiment, ​vraiment ​facilement. ​Ma ​femme ​et ​moi, ​on ​essaie ​justement ​de ​toujours ​se ​réserver ​du ​temps. ​Il ​faut ​vraiment ​que ​ça ​soit ​une ​priorité, ​en ​fait. ​Sinon, ​on ​va ​voir ​trois ​mois ​passer sans qu’on soit ​allé en date. ​On ​essaie ​d'être ​très, ​très, ​très ​intentionnel ​par ​rapport ​à ​ça. ​Une ​des ​choses ​qu’​on ​faisait ​avant et qui est ​non ​négociable, ​c'était ​de ​partir ​en ​voyage. ​Ça ​coûte ​cher, ​ça ​peut ​être ​un ​défi ​avec ​l'enfant, ​mais ​c'est ​non ​négociable. ​On ​essaie ​toujours ​de ​partir ​minimalement ​une ​fois ​par ​année. ​Ça ​ne ​change ​pas. ​​Il ​faut ​être ​intentionnel. C'est ​peut-être juste ​de se dire qu’on sort en date à chaque 10 du mois par exemple. Parce ​que ​sinon, ​avec ​la ​vie, ​ça ​passe ​extrêmement ​vite. ​On ​est ​deux ​personnes  ​très ​occupées. ​Il ​faut ​faire ​attention. ​»

En plus de la vie de couple, il y a toute la vie sociale qui est chamboulée quand on devient parent. Les papas nous ont partagé un détail important  auquel ils tiennent :Le temps avec les boys.

« ​Les ​amis ​d'un ​gars, ​c'est ​extrêmement ​important. ​Des ​fois, ​certaines ​femmes ​font ​l'erreur ​d'essayer ​de ​couper ​ça ​pour ​la ​gestion ​de ​l'enfant. ​Mais ​non, ​il ​faut ​pas... ​Ç'est ​quelque ​chose ​dont on a besoin, ​nous, ​les ​gars. ​C'est ​extrêmement ​important. ​C'est ​quelque ​chose ​que ​j'ai ​communiqué ​avec ​ma ​femme ​depuis ​assez ​longtemps. ​Est-ce ​que ​je ​sors ​tous ​les ​jours? ​C'est ​sûr ​que ​non, ​mais ​des ​fois, ​j'ai ​mon ​temps. Souvent, ​le ​dimanche ​soir, ​je ​suis ​avec ​les ​boys, ​on ​regarde ​notre ​game ​de ​football. ​ ​Ça ​reste ​à ​chaque ​semaine. ​Mais ​sinon, ​une ​fois ​de ​temps ​en ​temps, ​si ​j'ai ​une ​sortie ​à ​faire, ​je ​le ​fais. ​Mais ​c'est ​vraiment ​de ​communiquer ​à ​l'avance. »

Peu importe le papa, Odyans a pu remarquer qu’ils ont tous des points en communs dans leur parcours vers la parternité.  Que ce soit à la naissance, au retour à la maison et à l’adaptation au quotidien ou encore pour préserver un couple sain, tous les efforts sont appréciés. Est-ce que le papa qu’on devient est défini par le papa qu’on a eu? Réponse dans le prochain épisode d’Odyans.

 

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2024

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